"En partenariat avec l’Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs, l’ADAGP a attribué en 2020 la Révélation Design à Niveau Zéro Atelier, pour leur projet M.E.G.A. Cette plateforme mobile de production d’objets en céramique est pensée pour se greffer sur les chantiers architecturaux afin d’exploiter les strates argileuses mises à nue durant les phases d’excavation et de terrassement. Le jury distinguait alors "un projet qui ramène à l’évidence".
Dans le cadre de la programmation des Révélations dans les Cimaises de l’ADAGP, les membres du collectif Niveau Zéro Atelier (N0A) designers, architectes et plasticiens, montrent une multitude de formes fragmentaires qui lie M.E.G.A et leur vocabulaire esthétique minimal précis et expérimental. La démarche de N0A s’apparente en premier lieu à celle de la recherche vers des valeurs d’usages articulées avec les attributs d’un lieu, de son territoire et de leurs caractéristiques. Les designers explorent ainsi une diversité de champs (scientifiques, anthropologiques, techniques ou écologiques) pour mener des chantiers de production et d’expérimentation "révélant des manière d’être au monde". Ici une fontaine autonome rappelle l’outil d’extrusion conçu pour mettre en forme l’argile extraite sur un chantier de Bagnolet près de Paris dans le cadre de M.E.G.A. Le circuit continu permet de faire décanter la terre et créer une forme d’érosion sur des pièces en argile. Placée au centre de l’espace, elle invoque une certaine fluidité de mouvement dans le temps. Ce prototype peut être lu comme une allégorie du travail du collectif qui se retrouve autour de la question de la reproduction (des formes, des gestes, des images…) dans le cadre de cette présentation. Des objets réels ou représentés, des indices et expérimentations imprimées, des éléments scénographiques pensés comme des promesses viennent habiter l’espace de l’ADAGP en lui offrant une nouvelle fonction (étagère), en venant augmenter des éléments usuels (poignées de portes) ou tout simplement en l’habitant de gestes."
Julien arnaud
J’ai toujours eu une fascination pour les matériaux auxquels nous confronte l’infrastructure : les revêtements carrelés du métro, les trottoirs odeur bitume ou la laine de roche pulvérisée sur les plafonds des parkings souterrains.[...] Elles évoquaient pour moi la matière à extraire, à transformer, à construire. J’ai vite compris que le monde sur lequel je m’assois et pose mes pieds, serait toujours un objet en mouvement, [...]. Peut-être que c’est cette même intuition qui a amené Niveau Zéro Atelier à développer une relation aussi physique au monde, qu’ils comprennent comme un agrégat de matière qu’il faut déconstruire avant de s’en emparer.